Paris – Nazanin Pouyandeh chassée du Paradis

« Jai été chassée du Paradis ». C'est le titre de la nouvelle exposition de Nazanin Pouyandeh. Qu'est-ce que cela signifie : que Nazanin est la nouvelle Eve, celle qui détient le langage après avoir croqué la pomme défendue et entraîné Adam dans l'aventure ? Pourquoi pas... Ou alors, c'est tout autre chose. Le peintre cultive le mystère et les entrées multiples : ses toiles ne sont pas à sens unique. On n'y voit que ce que l'on cherche. On s'y fait piéger. C'est donc une forme de perversité que cultive – avec art – Nazanin Pouyandeh. Démonstration avec sa nouvelle exposition où l'on se perd dans les méandres de paysages, peuplés de créatures, qui explosent en des fêtes improbables et très sexy ou pas du tout. Les portraits ne sont pas plus sages. Ils explorent les relations dominé(e)-dominant(e) dans des visions où le sexe de la femme en tenue sado-maso peut nourrir l'inspiration des peintres d'un jet arc-en-ciel ou d'un flot d'urine, alors qu'ailleurs, son être entier est écrasé par deux pieds – masculins ou féminins ? Le mystère est là : c'est celui de la création. Nazanin Pouyandeh a coutume d'occuper l'espace de sa toile pour que notre oeil y soit captif, cherchant une clé sans doute perdue.
L'oeuvre portant le titre de l'exposition, où le sexe est caché, banni, chassé du Paradis, pour, peut-être s'en libérer, est à ce niveau significative*... de ce que l'on veut y mettre y compris le peintre en pleine tâche. Reste un bout de ciel inoccupé en haut à droite, pour juger si l'Eden est terrestre ou céleste, ou pour donner une possibilité de s'évader d'une prison dorée ? MM

Légendes
> L’Intrus. Huile sur toile 65 x 54 cm, 2020
> J’ai été chassée du paradis. Huile sur toile 160 x 200 cm, 2019
Galerie Sator Marais. 8 passage des Gravilliers 75003 Paris. www.galeriesator.com
* Masaccio (1401-1428) pour son « Expulsion du jardin d'Eden » (1424-1425) fut beaucoup moins prude.