Orléans – la famille Delaperche dans la tourmente du 19e siècle

Un petit miracle s'est produit à Orléans où la conservarice du musée des Beaux-Arts, Olivia Voisin, a retrouvé et fait acquérir auprès de la galerie Chaptal quelque 90 dessins retraçant l'existence mouvementée des Delaperche, une famille de peintres originaires d'Orléans, ayant voyagé entre Paris et Moscou, soutenue par de grands sponsors comme les champagnes Ruinart, avant de sombrer dans l'oubli, malgré le talent des uns et des autres. On attend donc avec impatience de découvrir ces dessins de grande qualité, semblant des petits tableaux en sépia, qui sont essentiellement de la main de Jean-Marie Delaperche.
Thérèse Laperche (1743-1814), amie d’Aignan-Thomas Desfriches, se forme d’abord au contact de Perronneau avant de poursuivre à Paris chez Greuze et Vigée-Lebrun. Elle expose en 1791 et se lie avec Mme Danton pour faire libérer son mari emprisonné pour ses idées royalistes. Ses fils l'ont beaucoup admirée.

Jean-Marie Delaperche (1771-1843), reste un artiste énigmatique qui décide de construire sa carrière dans l’ombre et de faire de son pinceau l’outil pour témoigner de son temps, de ses états d’âme, pour enseigner, pour méditer sur le statut de l’artiste. Il part en Russie de 1804 à 1824 et vit de Moscou l’enfer de l’invasion française. Il perd ses enfants, ses espoirs et produit en quelques années les plus belles oeuvres de sa carrière. Ces documents ont valeur historique, renseignant notamment sur le regard d’un artiste royaliste sur les crimes commis par Napoléon. L’artiste ainsi que sa famille ont en effet été les témoins d’une période plus que mouvementée, assistant, pinceau à la main, à la mort de Louis XVI, à la campagne de Russie, à la chute de Napoléon puis à celle des Bourbons. Jean-Marie Delaperche s'inspire volontiers de la mythologie et fait parfois appel à l'allégorie.


Constant Delaperche (1780-1843), s’est formé comme son grand frère Jean-Marie dans l’atelier de Jacques-Louis David. Polyglotte et doué en tout, il travaille d’abord pour la famille Ruinart avant de devenir le précepteur et artiste des Rohan-Chabot à la Roche-Guyon, et de leur entourage (duchesse de Berry, La Rochefoucauld…). Il est l’auteur de sculptures monumentales pour l’église Saint-Roch à Paris, pour le château de La Roche-Guyon, l’église de Beaumesnil. Comme son frère il ne signe jamais et a refusé de devenir le courtisan de la critique qui fait et défait les réputations.
Légendes
. Jean-Marie Delaperche, Hussard surgissant lors d'une veillée funèbre, 1717-1718. Crayon graphite, plume, encre et lavis d’encre noire, lavis et rehauts de gouache blanche sur papier vélin monté sur une feuille de papier bleue © Orléans, musée des Beaux-Arts / photo Christophe Camus
. Jean-Marie Delaperche. Les Cent-jours. La chute de Napoléon. 20 mars 1815. 1815. Crayon graphite, plume, encre grise et noire, lavis et rehauts de gouache blanche sur papier vergé © Orléans, musée des Beaux-Arts / photo Christophe Camus
. Constant Delaperche. Portrait des enfants de l’artiste Vers 1822. Huile sur toile © Collection particulière
Musée des Beaux-arts. 1 rue Fernand Rabier 45000 Orléans
(entrée : place Sainte-Croix)
www.orleans-metropole.fr (rubrique culture/musée)
1 rue Fernand Rabier à Orléans
A noter. Le musée, l'un des premiers à être créé en France, en 1799, sous l’impulsion de l’amateur orléanais Aignan-Thomas Desfriches (1815-1800), possède un très beau fonds de peintures d’écoles étrangères : peintures italiennes (Corrège, Carrache, Tintoret...), peintures flamandes et hollandaises (Brueghel, van Dyck, Ruysdael...), peintures allemandes... et un chef-d’oeuvre de l’art espagnol, le Saint Thomas de Velazquez.